La poterie noire de Bisalhães, protégée par l'UNESCO mais en voie de disparition.
Peut-être n'avez-vous jamais entendu parler du village de Bisalhães ? Ce petit village de montagne situé dans la municipalité de Vila Real présente une particularité : ses artisans produisent de l'argile noire, appelée "poterie noire de Bisalhães".
En novembre 2016, l'UNESCO a déclaré cet art patrimoine culturel immatériel. Cependant cette tradition reste en voie d'extinction. Des artisans qui connaissaient les secrets de cet art, il n'en reste que cinq !
La faïence noire de Bisalhães est un patrimoine culturel qui appartient, de droit, aux habitants de Bisalhães, par amour, à la population de Vila Real. Après classification par l'UNESCO, il appartient désormais à l'ensemble de l'Humanité.
Nous nous sommes donc lancés à la recherche de ce patrimoine et, pour cela, avons recherché sa source : le village de Bisalhães.
A la recherche de la poterie noire de Bisalhães
Trouver la poterie noire de Bisalhães n'est franchement pas simple. Vous n'avez d'autre choix que de vous rendre sur place.
Pour se rendre à Bisalhães, il convient d'abord de rejoindre la ville de Vila Real dans le Nord du Portugal dans l'ancienne région de Trás-os-Montes e Alto Douro, à une centaine de kilomètres de Porto, non loin de la frontière espagnole.
Une fois rendu à Vila Real, la meilleure des choses à faire est de rejoindre l'Avenida da Noruega.
Vous pourrez y voir les 4 ou 5 stands permanents aménagés par la municipalité et y rencontrer les quelques potiers qui y présentent leur travail. Demandez leur alors de vous indiquer la route vers Bisalhães qui se trouve à une dizaine de kilomètres.
Bisalhães est un petit village improbable comme il en existe encore au Portugal. A vrai dire, le terme de village est impropre, il convient de parler d'un hameau rassemblant quelques maisons.
Aucun habitant en vue, quelques chiens errants, une unique rue tortueuse, quelques chemins et au détour de l'un d'entre-eux, une grande trace noire au sol et quelques pierres témoignent de l'existence d'un "soenga", four à argile typique du procédé de Bisalhães.
Village de Bisalhães - Crédit photo Luisa Paixão
En fait, il s'agit d'un four communautaire, simplement creusé dans le sol et partagé par les 5 potiers qui restent les seuls détenteurs des secrets de fabrication de la poterie noire.
Ce village est pourtant connu depuis le 16e siècle comme la "Terre des producteurs de pots et de plats". Les procédés de fabrication de poteries qui y sont utilisés depuis plus de 5 siècles sont uniques et ne sont plus maîtrisés aujourd'hui que par 5 potiers.
C'est la raison pour laquelle Vila Real, la ville la plus proche, s'est inquiétée et à demander à l'UNESCO d'inscrire ce procédé sur la liste du patrimoine immatériel mondial.
* En aout 2021, en pleine saison touristique, nous sommes revenus à Vila Real et à Bisalhães. Tous les stands des potiers étaient fermés à l'exception de celui de la famille Ramalho.
Jorge nous a reconnu et accueilli pour nous annoncer le décès de son père que nous avions rencontré 2 ans auparavant. Jorge a repris le flambeau et, aidé par la Mairie, continue à produire des poteries noires mais il semble bien qu'il demeure le seul et que les poteries noires de Bisalhães soient définitivement menacées d'extinction.
Le procédé de fabrication des poteries noires
Depuis 5 siècles, les méthodes de fabrication sont restées les mêmes et les pièces fabriquées restent immuables.
Les pièces qui naissent des mains des artisans sont cuites dans d'anciens fours ouverts dans la terre, où l'on brûle le genêt, la caruma et les carquejas, puis étouffés avec de la terre noire, celle-là même qui leur donnera leur couleur. Certaines personnes disent même que cela donne un goût différent aux aliments.
La préparation de l'argile
Travail fastidieux et harassant, l’argile est concassée, écrasée dans un bassin en pierre au moyen d’un marteau en bois de manière à la rendre la plus fine possible.
L'argile est ensuite tamisée, manuellement afin d'extraire les impuretés et les morceaux qui nuiraient à la solidité des pièces réalisées. Elle est enfin humidifiée et pétrie de manière à former une grosse boule prête à être tournée.
La fabrication des poteries
L'argile est façonnée au tour lent. Toutes les pièces sont tournées à la main, de fait aucune n'est semblable à l'autre : dimensions et formes sont tout à fait uniques. Après séchage, la pièce obtenue est traditionnellement polie avec des cailloux et décorée avec un simple bâton de bois.
La cuisson
Dans un travail collectif familial, avec beaucoup de sagesse ancestrale, les pièces sont placées, des plus grandes en bas aux plus petites en haut, toutes dûment couchées et recouvertes de genêts, carumas, carquejas.
Lorsque le potier le décide, ce processus est terminé et l'ensemble du tas est recouvert de terre, de sorte que, pendant plusieurs heures, il n'y a pas d'échappement de fumée ni d'entrée d'oxygène, afin de garantir que la couleur noire soit une réalité.
Après quelques heures, et sur décision des potiers, on commence à ouvrir le four, avec beaucoup de précautions et de dextérité, tant à cause de la température du four que de la sagesse nécessaire pour repousser la terre sans endommager les pièces déjà cuites.
Crédit photo : Who trips
Un patrimoine qui disparait
Au fil des décennies, la communauté locale n'a pas pris en charge la transmission des connaissances aux nouvelles générations.
Le travail ardu nécessaire au processus de fabrication de la faïence noire de Bisalhães (transport, collecte de la matière première, préparation des pièces, processus de cuisson et vente), la division traditionnelle des tâches, avec l'intervention des femmes, le peu de valorisation sociale de cet art, conduit les jeunes générations, à émigrer, à la recherche de nouveaux modes de vie.
Le nombre réduit de potiers et les difficultés manifestées dans cette procédure, ont conduit à cette étape importante, la reconnaissance par l'UNESCO. Ainsi, le 29 novembre 2016, le processus de fabrication de la vaisselle noire de Bisalhães a été inscrit sur la liste du patrimoine culturel nécessitant une sauvegarde urgente.
En 2018, lors de notre première visite à Bisalhães nous dénombrions seulement cinq potiers, déjà très âgés, dont deux n'étaient pratiquement plus en mesure de travailler.
Lorsque nous y sommes retournés en 2021, nous n'avons pu rencontrer qu'un seul potier, Jorge, qui venait de prendre la succession de son père récemment décédé. Il semble bien que les poteries noires de Bisalhães soient désormais en voie d'extinction totale.
Sezinando Ramalho
En 2018, nous rencontrions Sezinando Ramalho qui nous expliquait tenir sa technique de son père. Il était un des 5 derniers potiers à maîtriser l'art de la poterie noire de Bisalhães et s'acharnait à défendre son histoire, son patrimoine et sa technique. Il tentait de renouveler le style des pièces qu'il produisait sans toutefois ne faire aucune concession à sa technique propre.
Ainsi, il avait, en collaboration avec un jeune designer, conçu des abats jours qui ont rejoint un des restaurants à la mode de Lisbonne. Il avait également accepté d'adapter les dimensions de certaines de ces pièces à la demande d'un importateur japonais qui les revendait à prix d'or.
Sezinando Ramalho - Crédit Photo Luisa Paixão
En 2021, c'est avec le cœur lourd que nous avons appris sa disparition. Avec lui disparaît un autre visage de Bisalhães, qui a consacré tant de sa vie, de ses mains et de son amour à cet art ancestral.
Un espoir pour la poterie noire de Bisalhães ?
L'espoir vient de Jorge Ramalho, le fils de Sezinando, potier prometteur qui, avec persévérance, continue à donner vie à la Poterie de Bisalhães. Ce sont ses poteries que vous pouvez retrouver en vente sur le site Luisa Paixâo
Jorge Ramalho - Crédit Photo Luisa Paixão
Pour pouvoir vous présenter les poteries noires de Bisalhães, nous nous sommes adaptés à Jorge. Tous les 6 mois, nous parcourons 800km aller et retour pour lui rendre visite et lui faire part de nos attentes et des avis de nos clients.
De son coté, tous les mois, il dépose une partie de sa production à la gare de Vila Real et nous la récupérons à la gare de Lisbonne.
L'approvisionnement n'est donc pas très facile et les pièces que nous vous proposons sont forcément en quantité limitée mais c'est le prix à payer pour contribuer à la survie de la poterie noire de Bisalhães.
Grille chorizo en terre cuite noire - Collection Luisa Paixão
Carafe en terre cuite noire - Collection Luisa Paixão
Terrine en terre cuite noire - Collection Luisa Paixão
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Commentaires
Lovely story! Thank you for sharing this knowledge
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